Où
Drôme (France)
Qui
Producteurs et productrices : association « Les cueilleurs de tilleul FFL de L’Herbier du Diois »
Entreprise L’Herbier du Diois (collecte, tri)
Quoi
Tilleul, fleurs (bractées fleuries)
Combien
17 cueilleur·euses bénéficiaires du partenariat Biopartenaire® avec Arcadie
Quand
Partenariat depuis 2001, labellisé commerce équitable Biopartenaire® depuis 2008
Produits
Florence et Joris nous font découvrir les particularités de la cueillette des fleurs de tilleul dans leur région (Drôme, Baronnies et Diois). Cette activité agricole est en voie de disparition, et se maintient encore grâce à l’attachement fort à cette tradition locale. Le contrat de commerce équitable que nous avons mis en place vise à faire perdurer cette cueillette qui fait désormais partie du patrimoine culturel local.
Réalisation : Léo Brunet.
La cueillette du tilleul demande des compétences particulières ainsi qu’une grande disponibilité pendant la fenêtre de récolte.
Dès la fin de l’hiver, le cycle de végétation de l’arbre est étroitement surveillé, pour estimer au mieux la future période de floraison. Cette dernière peut varier sensiblement selon les conditions les conditions météo, la configuration du site ou encore selon la variété.
En effet, une grande diversité de variétés existent, sélectionnées par les agriculteur·trices en fonction de différents critères : période de floraison, forme, taille, position, parfum des fleurs.
Pour un·e producteur·trice, avoir plusieurs sites ou plusieurs variétés permet d’étaler la période de floraison et de gérer plus facilement le « rush » de la récolte.
Lorsque la floraison démarre, il faut aller très vite : au bout de seulement quelques jours (tout au plus une semaine), les fleurs seront passées et de nettement moins bonne qualité.
Une partie de la récolte va consister en une taille de formation de l’arbre : les branches le plus périphériques vont être légèrement rabattues, ainsi qu’une partie des branches plus internes et du sommet.
Lorsque la floraison démarre, il faut aller très vite : au bout de quelques jours, les fleurs auront perdu beaucoup de leur qualité.
Une équipe au sol récupère ces branches et va y prélever des bractées, par poignée, avec un geste bien particulier pour attraper plusieurs fleurs à chaque fois.
Les fleurs restant sur l’arbre seront cueillies directement.
Pour accéder à la totalité de l’arbre, de grandes échelles vont être mises en place, avec une forme bien spécifique en « bout pointu ». L’échelle est attachée à plusieurs branches de l’arbre pour favoriser sa stabilité. Malgré cette précaution, la récolte aérienne demande beaucoup de concentration pour ne pas risquer la chute de plusieurs mètres de haut.
Dans la pratique, les techniques de récolte diffèrent selon les sites et les habitudes : la taille des arbres est plus ou moins sévère et influe beaucoup sur les conditions de récolte (arbres plus ou moins hauts).
Le besoin en main d’oeuvre étant fort et limité dans le temps, les autres membres de la famille sont souvent mis à contribution. Ces moments de travail commun dans un cadre agréables sont très appréciés et contribuent à l’attachement local à cette activité.
Diaporama : la cueillette chez Florence Jean près de Buis-les-Baronnies :
Pourquoi parle-t-on de bractée fleurie ?
Ce ne sont pas juste les fleurs qui sont récoltées. A la base de ces dernières, on peut remarquer une sorte de fine membrane de forme allongée : la bractée.
C’est bien cette dernière et les fleurs qui y sont accrochées que l’on récolte, d’où le nom « technique » ou botanique de « bractée fleurie ».
Les fleurs sont ensuite versées sur un morceau de tissu appelé bourras. Celui-ci est replié et transporté sur le lieu de séchage, où le tilleul va être étalé en couche d’environ 20 cm de hauteur, dans les séchoirs, sur des claies ou dans les greniers des maisons, soigneusement nettoyés auparavant. Le tilleul est retourné plusieurs fois afin d’obtenir un séchage homogène. Ce séchage doit être rapide (2 jours) pour garder l’aspect et la couleur de l’inflorescence.
Une fois bien sèches, les fleurs sont livrées à L’Herbier du Diois qui valide la qualité. Les lots sont conditionnés en gros sacs, stockés, puis envoyés à Arcadie où le tilleul est conditionné en sachets L’Herbier.
Les fleurs de tilleul sont vendues en sachet vrac sous notre marque L’Herbier et sont également présentes dans notre mélange Sommeil :
L’Herbier du Diois propose plus de 350 plantes aromatiques et médicinales, épices, thés et huiles essentielles issus exclusivement de l’agriculture biologique. L’entreprise a d’abord été une ferme bâtie en 1979 par deux familles, dans le Diois. Cette ferme « du Touret » devient la première exploitation d’herbes aromatiques biologiques de cette région.
Au fil des ans, ne pouvant fournir suffisamment de matière à ses clients, la ferme du Touret se développe pour devenir L’Herbier du Diois, fournisseur en gros d’une vaste gamme de plantes sèches issues exclusivement de l’agriculture biologique.
Aujourd’hui, Arcadie travaille avec L’Herbier du Diois pour un certain nombre de plantes, dont tilleul, lavande et mélisse en filière équitable Biopartenaire®.
Créée en 2021, l’association comprend actuellement 17 membres.
La certification équitable aboutit en 2008. Arcadie est donc partenaire équitable de cette filière Biopartenaire®
Ce sont les régions du Diois, des Baronnies et du Royans qui ont vu se développer le plus cette activité au cours du XIXè siècle, avec une apogée au début du XXe siècle.
Le tilleul était connu depuis bien longtemps, mais n’avait pas jusque-là pris autant d’ampleur : à partir de 1850 les plantations se multiplient, les variétés sont sélectionnées et reproduites, l’art du greffage maîtrisé…
De grands marchés se développent – Vaison (84), Le Buis (26), Nyons (26), Villefranche-le-Château (26) etc – et la quasi-totalité des fleurs de tilleul françaises proviennent de cette région.
Puis la mondialisation passe par là et le tilleul de la Drôme est concurrencé par du tilleul des pays de l’est voire de Chine, bien moins cher. Les foires au tilleul régressent d’année en année et l’emblématique foire de Buis-les-Baronnies s’arrête finalement en 2003.
Mais l’activité ne périclite pas totalement, du fait d’un attachement populaire important. La cueillette du tilleul constitue parfois un complément de revenu non négligeable pour les familles, dans une région très rurale où il est vital qu’une population active se maintienne. Un des enjeux de cette filière Biopartenaire® est donc de perpétuer une activité qui tend à disparaître du paysage agricole français.
Pour avoir du tilleul français bio et équitable, Arcadie s’est associée à l’entreprise L’Herbier du Diois basée dans la Drôme. Celle-ci a toujours acheté et commercialisé du tilleul local, et ce depuis sa création en 1979. Elle anime depuis de nombreuses années un groupe de producteurs français. Elle s’engage à maintenir des prix rémunérateurs malgré la concurrence accrue de tilleul en provenance des pays de l’est et de Chine.
Le partenariat entre Arcadie, L’Herbier du Diois et les producteurs se traduit par des échanges en réunions annuelles lors desquelles les coûts de production, les volumes et les prix d’achats avec un engagement de 3 ans sont discutés de manière transparente. Il s’agit bien ici de pouvoir payer la production à un juste prix pour les cueilleurs, qui leur permette une rentabilité de cette activité même si elle n’est jamais la seule activité agricole de ces personnes.
Le partenariat est aussi technique. Entreprises et cueilleurs travaillent de concert à l’amélioration de la qualité : sensibilisation des cueilleurs au cahier des charges de la labellisation en agriculture biologique, aux risques de pollutions par les pesticides, analyses pesticides réalisées sur les lots, techniques de cueillette et de séchage etc.
Le contrat Biopartenaire® soutient l’activité de la cueillette des fleurs de tilleul en travaillant sur des prix et volumes rémunérateurs
Le constat d’un besoin de renouvellement générationnel des cueilleuses et cueilleurs a été dressé. Pour réussir à intéresser de nouvelles personnes n’ayant pas l’attachement familial ou culturel à cette activité, une rentabilité suffisante est nécessaire.
De plus, un accompagnement par les praticien·nes expérimenté·es est indispensable afin de transmettre les savoir-faire spécifiques à cette production assez peu répandue.
Malgré tous nos efforts, nos ventes ont diminué ces dernières années, nous forçant à envisager une réduction des volumes pour le prochain contrat équitable. L’instauration de quotas sera peut-être nécessaire, en attendant une espérée amélioration des ventes.
Mais le phénomène ne concerne pas uniquement notre contrat : il est plus général pour l’ensemble de la production régionale de tilleul. Aussi est-ce sans doute une action multi-partenaires qu’il faudrait envisager pour mieux promouvoir cette production auprès des consommatrices/consommateurs et des clients intermédiaires.
Malgré les efforts de tous les partenaires, l’avenir de cette activité patrimoniale n’est pas encore assuré
Les fonds de développement ont été utilisés pour :
– Organiser des journées de rencontre/échanges des pratiques de taille/cueillette pour répondre au besoin d’améliorer l’efficacité de la technique de cueillette
– Rembourser les frais de déplacmeents pour les autres rencongtres (assemblée générale de l’association etc)
– Améliorer la sécurité pour la taille en hauteur dans les arbres en achetant du matériel (harnais, longe, échelle…)
– Diminuer le risque de dégradation du tilleul pendant le séchage à cause des rongeurs ou des oiseaux en achetant boîtes à ultrasons et grillages.