Un boulanger et des maraîchers à Arcadie

Jérémy le boulanger devant Arcadie
Un boulanger et des maraîchers à Arcadie

A Arcadie, la nourriture est centrale… Tellement que nous avons quelques rendez-vous hebdomadaires incontournables pour certains Arcadiens : le boulanger les mardis et jeudis, la livraison de fruits et légumes les jeudis. Pourquoi ? Quel sens cela a-t-il pour les utilisateurs ?

Le jeudi, c’est marché à Arcadie !

Un boulanger 100% bio et local

Jérémy est boulanger et a démarré son activité en 2019. A l’époque, il avait besoin de trouver des clients. C’est alors que Matthieu et Laurence, membres du directoire d’Arcadie, lui  proposent d’installer son étal à Arcadie : tous les mardis et les jeudis midi, il régale les Arcadiens de ses pains, tartes, viennoiseries et pizzas. Cela lui a permis de développer son activité et de rencontrer une nouvelle clientèle. Même s’il est désormais bien installé commercialement, il continue de venir à Arcadie car les Arcadiens représentent tout de même une bonne partie de sa clientèle. Certains commandent même leur pain pour aller le chercher directement chez lui.

Pourquoi autoriser Jérémy à faire son marché et pas d’autres ? C’est une question de sens. Jérémy est un boulanger bio qui travaille en local (sa farine bio est produite dans la région) : le top du top !

Jérémy le boulanger devant Arcadie

Chloé, organisatrice de commandes de fruits & légumes bio

Tout commence lors du 1er confinement lié au Covid19. Chloé, Arcadienne, apprend qu’une de ses connaissances, productrice de légumes bio, a du mal à écouler son stock. Si Chloé a quelques besoins en fruits et légumes, elle ne peut à elle seule aider significativement son amie. Elle lui propose donc de vendre aux Arcadiens (tiens, comme Matthieu et Laurence avec Jérémy !). C’est parti pour l’aventure ! Le bilan est plutôt bon (même s’ il y a des loupés de temps en temps). Cependant, le besoin est bel et bien présent à Arcadie et Chloé est aussi demandeuse. Elle trouve donc d’autres producteurs qui peuvent répondre aux exigences des Arcadiens. Elle les interroge et prend les décisions qui s’imposent : elle privilégiera un producteur en agriculture raisonnée et locale avec une conscience environnementale… Plutôt qu’un agriculteur en bio qui sera loin. Un compromis que bien des Arcadiens trouvent intéressant (nous en parlons plus loin). Résultat de ce travail :

  • Des fruits et légumes en conversion bio livrés tous les jeudis à Arcadie ;
  • Des fromages de chèvres et des oeufs : non bio mais en raisonné ;
  • Des filets de melon/pastèques ou de courges selon la saison ;
  • Une réflexion plus large autour d’autres produits qui pourraient intéresser les Arcadiens : Chloé est ouverte aux propositions pour trouver d’autres producteurs.

Tous sont à moins de 50km d’Alès. Du très local donc !Côté producteurs, ceux-ci sont satisfaits car ils gagnent du temps en termes de logistique (certains livrent les boutiques alentour). Sans compter les revenus supplémentaires que cela leur apporte : près de 150€ chaque semaine pour les paniers de fruits et légumes.

paniers de fruits et légumes commandés par les Arcadiens

Entre organisation du travail et logistique

Chloé gère tout cela depuis la recherche de producteurs jusqu’à la réception de commandes, en passant par leur paiement et leur stockage. Cela demande du temps, environ 30-40 minutes par semaine. Chloé fait cela entre son temps de travail et son temps libre. Cette initiative est très bien accueillie par la direction d’Arcadie, mais nous réfléchissons actuellement à la manière dont cette tâche pourrait être inscrite dans le temps de travail, comme service supplémentaire rendu aux Arcadiens. Car pour nous, chaque action réalisée pour prendre soin des Arcadiens, et c’est le cas ici, doit être inscrite. Affaire à suivre !

Qu’en pensent les Arcadiens ?

Je suis allée demander à certains utilisateurs pourquoi ils achetaient via ce système. La première raison évoquée concerne l’aspect purement pratique/logistique. En effet, la plupart des participants aiment les commerces de proximité ou tout simplement ont le désir de se rapprocher des producteurs locaux. Sauf qu’ils ne prennent pas tout le temps. Le fait de pouvoir repartir, après sa journée de travail, avec son pain ou son panier de fruits et légumes leur évite des déplacements supplémentaires. D’autres expliquent qu’il est important pour eux de valoriser une production plus locale, même si elle n’est pas toujours bio. Cela fait plus sens d’acheter une tomme de chèvre de la région non bio, plutôt qu’une tomme venant de l’autre bout de la France. En attendant la tomme bio ET locale !

Enfin, d’autres expliquent qu’acheter des produits en conversion bio (c’est le cas des paniers de fruits et légumes) permet de valoriser immédiatement la démarche de conversion, notamment pendant la période délicate durant laquelle le producteur ne peut ni vendre en magasin à un prix plus élevé, ni même faire référence à sa conversion en cours (période variable, 12 mois par exemple pour les légumes). N’oublions pas non plus le rapport qualité/prix très bon grâce à la réduction des intermédiaires. A ce propos, Cécile nous explique qu’elle prenait les pêches cet été car elle n’en trouvait pas de meilleures à ce tarif. Elle rajoute : s’il s’avère que ces producteurs de fruits et légumes sont les mêmes qui livrent son primeur bio, elle aurait tout intérêt à passer directement par le système de Chloé. Non pas qu’elle n’aime pas les intermédiaires, mais ce serait plus simple pour elle et probablement moins cher.

Dans tous les cas, il y a une question de confiance. Celle que chacun accorde à Chloé pour trouver les bons producteurs et livrer les produits de bonne qualité (Héloïse nous dit : “je ne suis pas experte en fruit. Que ce soit moi ou quelqu’un d’autre qui choisisse, c’est pareil”). Celle accordée aux producteurs pour leur travail. Et celle accordée par Arcadie pour la liberté qu’elle autorise à ses salariés de se faire livrer une partie de leurs courses au travail.