Arcadie s’occupe de 17 ha de terres à St Etienne de l’Olm, à un peu moins de 10km des bureaux/ateliers : des terres cultivables et 7 ha de bois, haies, chemin. Yoachim et Stéphan y cultivent des plantes aromatiques et médicinales destinées à l’herboristerie (plantes sèches pour tisanes) et participent au (re)déploiement de la biodiversité sur d’anciennes terres viticoles. On y croise du romarin, de l’origan, de la sarriette, du thym, et un peu plus loin, de la vigne rouge (pour la feuille), un peu de laurier sauce, ici ou là quelques calendulas, ou anciens pieds de sauge, pour différents essais. Zoom sur l’activité agricole de la Arcadie.
Thym, sarriette, romarin, origan : 4 plantes principales produites pour l’herboristerie sur les terres cultivées de la ferme
En 2010, Arcadie acquiert des terres agricoles non loin de son site industriel : la ferme d’Arcadie Les Plantes de l’Olm est née, et renoue avec l’impulsion première de ses fondateurs, Bernard et Dominique Kimmel, qui ont d’abord été agriculteurs.
Le site s’équipe en matériel agricole, pour la culture au champ mais aussi pour les étapes après récolte, avec l’aide de fonds de l’Europe, du Département et de la Région : un séchoir, une batteuse (elle sépare les feuilles séchées des tiges) et une trieuse (elle ne garde que les feuilles utilisables).
Cette ferme sert, pendant 10 ans, à redynamiser la filière régionale de producteurs de plantes aromatiques et médicinales (PAM) : ce métier était en déclin dans nos régions, alors que la demande pour des plantes aromatiques produites localement augmentait. L’activité agricole que reprend Arcadie fait figure de relance, et permet aux agriculteurs d’avoir accès au matériel post-récolte avant de concrétiser un investissement important.
Aujourd’hui, les producteurs régionaux sont plus nombreux, organisés et la ferme est devenue essentiellement un lieu d’essais agricoles, de valorisation de la biodiversité, de sensibilisation au vivant, et d’une manière générale un espace rural précieux.
Plusieurs essais sont en cours :
Des apports de compost, des semis d’engrais dits “verts“ (semis de plantes amélioratrices de la fertilité et de la qualité du sol) sont testés dans les cultures… tout ce qui peut permettre de redonner une fertilité naturelle à des terres plutôt pauvres et/ou fatiguées par les cultures antérieures.
Nous développons le compostage de matières organiques issues de notre industrie agroalimentaire. Au démarrage, nous avons fait appel à l’aide de l’entreprise locale Microterra. Les déchets de poudres d’épices et plantes sèches d’Arcadie sont mélangés à des déchets verts, afin d’obtenir un compost de qualité, répondant aux normes de l’agriculture biologique.
Des arbres sont associés aux cultures de plantes aromatiques, dans le cadre des projets participatifs ARBRAROMATIX et PPAM PPAM coordonnés par notre partenaire local spécialisé dans l’agroforesterie : Agroof. Une première parcelle expérimentale est mise en place à l’automne-hiver 2021-2022. Des rangs de micocouliers, frênes, cormiers et tilleuls alternent avec les rangs de sarriette…
Non contents de suivre les règles de l’agriculture biologique, nous avons commencé à expérimenter, depuis 2021, l’agriculture biodynamique : aménagements en vue d’une cohésion globale du site, et de la valorisation du vivant, dans toute sa diversité ; utilisation de préparats à base de minéral, végétal et matières animales pour nous aider à revivifier les terres. Voir article de blog de juin 2021.
Nous faisons partie d’un tout jeune groupe d’agriculteurs locaux pour réaliser nous-mêmes ces préparats ; ainsi nous œuvrons collectivement avec des viticulteurs, pépiniéristes, producteurs de plantes aromatiques.
D’une manière plus générale, nous expérimentons la culture de nos plantes aromatiques pour rester au plus près de la production, des agriculteurs. Culture, récolte, séchage, battage et tri sont des étapes de production que Yoachim et Stéphane développent, testent, améliorent chaque jour, comme le fait chaque agriculteur. Plongez dans la culture de nos plantes aromatiques à travers ces articles de blog parus à l’été 2022 : à partir de l’exemple de l’origan, vous aurez un bel aperçu de botanique et un gros zoom sur toutes les étapes de culture et d’après récolte.
Un projet de vente directe de nos Herbes de Provence est en cours pour valoriser notre activité agricole et pouvoir d’autant mieux sensibiliser au travail agricole et à tous ses aléas.
En plus de ces aspects agricoles (et donc paysagers), la ferme d’Arcadie développe un certain nombre de projets en faveur de la biodiversité et du soin à l’environnement. Les projets agricoles cités ci-dessus vont déjà dans ce sens.
Nous œuvrons également à la préservation des oiseaux et de la faune et flore attenantes aux cultures.
Avec le Centre Ornithologique du Gard (dans le cadre de leur programme “Nichoirs et biodiversité“), 15 nichoirs installés sur les terres, et 5 autres sur le site d’Arcadie à Méjannes, sont suivis chaque année.
L’installation de perchoirs à rapace, la réalisation d’une petite mare, le dégagement des anciens murets de pierre soutenant les terrasses, l’entretien et la plantation de haies, l’entretien des chemins, des parcelles non fauchées, sont autant de travaux d’aménagement qui ont été et vont continuer à être réalisés sur ces terres.
Chaque fois que c’est possible, nous sommes contents de pouvoir travailler avec des éleveurs partenaires pour accueillir quelques animaux domestiques (chevaux, chèvres…). Ceux-ci apportent une présence animale précieuse sur ces lieux en pâturant certaines terres. Nous aimerions encore développer cet aspect dans l’avenir.
L’équipe de la ferme étend son travail sur les espaces non bâtis entourant l’usine et les bureaux d’Arcadie dans la zone industrielle de Méjannes-les-Alès.
Ainsi, nous y avons démarré en 2022 une démarche “Refuge LPO” , en partenariat avec la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) de l’Hérault et le Centre Ornithologique du Gard : diagnostic initial “biodiversité”, identification et mise en place de mesures favorables, diagnostic final pour mesurer l’impact de nos aménagements… et s’améliorer encore et encore.
Nous ne nous leurrons pas quant à l’impact global que nous pourrons avoir sur la biodiversité étant donnée la petite surface concernée, en pleine zone industrielle (2 ha au total, dont ne reste que 0,5 ha de terres libres, chemins, haies…) ; mais cet engagement a pour vocation à montrer que même en zone industrielle, le peu de terres non bétonnées peut constituer des “corridors de biodiversité” (voir les ouvrages d’E. Druon) précieux.
Toujours sur le site industriel de Méjannes, 15 arbres fruitiers, provenant d’un pépiniériste bio voisin, plantés en 2020 avec tous les salariés sur le petit espace disponible, commencent à se développer. Au milieu des petits essais de potager collectif…
Notre travail sur le vivant s’accompagne d’une approche d’observation sensorielle. Comment amener les visiteurs (et nous-mêmes !) à être plus attentifs à ce qu’ils voient ? Mais aussi à ce qu’ils entendent, à ce qu’ils sentent et goûtent (et ressentent), à ce qu’ils peuvent toucher, etc ? Cette approche aide à se lier plus intensément à ce que nous percevons. Nous sommes convaincus qu’il s’agit d’un préalable indispensable à l’émergence d’une plus grande conscience écologique.
Photographies et dessins font également partie de ces outils que nous nous approprions progressivement pour appuyer ce travail d’observation, de réflexion.
Nous souhaitons par ce biais retisser un lien plus profond avec les “non-humains” (animaux, végétaux, paysage…) qui nous entourent pour développer un autre rapport au monde, plus juste.
Sur les terres cultivées d’Arcadie, nous produisons ainsi quelque 1,5 tonnes de plantes aromatiques séchées, triées, chaque année. En comparaison, les 18 producteurs de la filière régionale en produisent 30 tonnes (2021) et Arcadie achète pas moins de 800 tonnes de plantes chaque année.
Petite par sa taille, cette activité agricole qui préserve la biodiversité est néanmoins précieuse pour Arcadie sur d’autres plans : elle permet de sensibiliser au Vivant, et de tisser différents liens concrets entre les salariés, les partenaires (clients, producteurs, prestataires…) et autres visiteurs.
Ce lien à (re)tisser avec le Vivant d’une manière générale est aujourd’hui reconnu comme une voie incontournable pour répondre aux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés. La mise en place de nouveaux modèles économiques dits “régénératifs” passe par ce travail sur le vivant (nous-mêmes en tant qu’êtres humains, en lien avec tous les “non-humains”). Elle nous incite à sortir du modèle occidental dominant qui oppose nature et culture (l’Homme d’un côté, la “nature” de l’autre, le premier utilisant l’autre comme objet à sa disposition), pour trouver d’autres manières d’être au monde.
Toutes proportions gardées, c’est ce lien entre Arcadie et le Vivant que l’équipe de la ferme d’Arcadie s’efforce de tisser encore et toujours plus.