| Blog | Secrets d'épices et de PAM (plantes aromatiques et médicinales) |
Quoi de plus réjouissant que de cueillir ses plantes aromatiques et médicinales (PAM) dans la nature ? Cette pratique bénéfique à bien des égards n’est cependant pas exempte de risques, pour vous… ou pour les plantes ! Nous vous donnons ici les principales indications pour des cueillettes en toute sécurité.
Identifier les plantes avec certitudes
Si une majorité de plantes est facilement identifiable et sans cousine toxique ressemblante, il y a des exceptions. Vérifiez toujours les risques de confusion !
Quelques exemples de confusions risquées :
Feuilles d’Ail des ours (très bon) et de Muguet (très toxique). Elles se ressemblent et poussent dans le même milieu. L’Ail des ours est aussi parfois confondu avec la également très toxique Colchique d’automne.
Cerfeuil des bois (comestible sauf la racine) et Grande ciguë (très toxique). Cette famille botanique à laquelle appartient la carotte comprend plusieurs espèces très toxiques ressemblant à des espèces comestibles.
Fleurs de robinier faux-acacia (comestible savoureux) et de Cytise (très toxique).
Le plus sûr : vous faire accompagner par un cueilleur expérimenté et éviter les plantes difficiles à distinguer de cousines toxiques.
Et surtout, en cas de doute, même le moindre : abstenez-vous ! Il en va de votre santé et de celle de ceux qui consommeront le produit de vos cueillettes.
Choisir des lieux non pollués pour cueillir ses plantes
Encore un risque pour vous et ceux qui consommeront vos cueillettes : la contamination par la pollution de l’environnement. Par précaution, évitez les bords de route, de voies de chemin de fer, de cultures, les abords d’usine ou d’autres bâtiments, des maisons individuelles (oui, vous savez, le voisin qui fait du zèle et traite non seulement son jardin mais tout le voisinage avec des produits toxiques*).
Méfiez-vous des paysages ruraux agréables à l’œil, comme un beau vallon avec prairies, cultures et haies : qui dit culture dit forte probabilité de traitement.
Il est très rare que ces contaminations entraînent des réactions aiguës, mais autant ramasser des plantes les plus préservées possible.
* Depuis janvier 2019, la détention de pesticides par les particuliers est un délit, mais certains ont fait des stocks… Seuls les produits portant la mention « emploi autorisé dans les jardins » sont encore autorisés à la vente.
Eviter les parasites et moisissures
En plus de la toxicité intrinsèque de certaines plantes, tous les végétaux peuvent porter des hôtes dont les effets sont parfois très indésirables : bactéries, vers, insectes.
Les milieux humides sont encore plus propices à la présence des parasites (comme la Douve du foie, un minuscule ver transmis par le bétail, qui peut occasionner d’importants dégâts sur le foie ou d’autres organes humains).
Pour diminuer très fortement les risques :
- Évitez les cueillettes dans les zones de pâturage.
- Cuisez les plantes des zones humides (comme le Cresson de fontaine).
- Délaissez toute plante attaquée par des moisissures ou des champignons.
- Récoltez à plus de 50 cm de hauteur (oui, ce n’est pas toujours possible…).
- Et de retour de balade (surtout en forêt), pensez bien à vous inspecter (on veut dire le corps, pas juste les vêtements) pour ne pas laisser s’installer une éventuelle tique qui aurait réussi à vous grimper dessus !
Cueillir ses plantes avec autorisation
Certaines zones protégées sont soumises à limitation ou interdiction de prélèvement (réserves naturelles, parc nationaux…). Renseignez-vous et respectez les consignes.
La récolte sur terrains privés, qu’ils soient forestiers ou agricoles, doit recueillir l’autorisation préalable du propriétaire/gestionnaire. Sans quoi le prélèvement est considéré comme un vol, avec les possibles dépôts de plainte et amendes correspondantes. En contactant le propriétaire, vous éviterez ces tracas, ou une simple remontrance désagréable ; et pourrez même avec un peu de chance sensibiliser votre interlocuteur à la richesse de ses parcelles. Pour de petites quantités, vous avez des chances d’obtenir un accord sans contrepartie autre que de respecter les lieux et de ne pas trop prélever.
Chez certains peuples, l’autorisation est demandée à la plante elle-même, ou du moins un remerciement lui est adressé pour la vie qu’elle représente et qui va être prélevée. Ce que certains considèrent comme du sentimentalisme peut aussi être vu comme une sagesse et une conscience devenues malheureusement trop rares.
Prélever avec parcimonie
Voici un risque qui concerne les plantes que vous allez prélever dans votre environnement. Ces ressources ne sont pas infinies ; chacun a sa part de responsabilité pour garantir leur préservation.
- Ne ramassez pas une plante isolée que vous n’aviez jamais vu auparavant dans votre région.
- Renseignez-vous sur les plantes protégées ou rares. Ce serait tellement dommage de contribuer involontairement à la disparition de certaines plantes !
- Ces précautions prises, choisissez des endroits de prélèvements où la plante est abondante, et ne prélevez pas plus d’⅓ des plantes présentes.
- Ne prélevez que la partie que vous allez utiliser et s’il s’agit d’une récolte détruisant la plante (racine, écorce), prélevez encore moins.
- Enfin, ne prélevez que la quantité que vous êtes sûr de pouvoir préparer, quelle que soit la suite des opérations (cuisson, séchage etc).
On vous en dit plus dans notre article sur la cueillette responsable.
En suivant ces recommandations, vous garantissez une cueillette sans risque pour vous-même, pour les consommateurs de vos récoltes ou pour les précieuses plantes que nous aimons tant. Bonnes cueillettes et soyez prudents !