Comment bien sécher vos plantes aromatiques et médicinales ?

Comment bien sécher vos plantes aromatiques et médicinales ?

Aujourd’hui, nous vous guidons pour que vous séchiez au mieux vos PAM issues de cueillettes “maison”. C’est une étape capitale pour pouvoir profiter au maximum de leurs bienfaits et ne pas gâcher les plantes ni le travail qu’a nécessité la cueillette.

Pourquoi sécher les PAM ?

Les plantes fraîches ne sont pas disponibles toute l’année

L’utilisation de plantes fraîches pour l’infusion est non seulement possible mais souvent recommandée. Car qui dit fraîcheur dit garantie de présence des molécules actives. Néanmoins, toutes les plantes ne poussent pas toute l’année.
D’autre part, même si toutes les plantes que vous voulez poussent par chez vous, elles ne sont pas forcément disponibles toute l’année.
Certaines ont même une fenêtre de récolte assez réduite, surtout si vous visez certaines parties de la plante (par exemple, la reine des prés dont on utilise principalement les fleurs a une fenêtre de récolte de l’ordre d’un petit mois, dans une localité donnée).
Enfin, nous trouvons parfois des plantes à des endroits dans lesquels nous nous rendons peu souvent, et il est très utile de pouvoir les conserver pour un usage ultérieur.

Si vous avez la possibilité de récolter et de cultiver un maximum de PAM autour de chez vous, c’est formidable.
Mais vous aurez quand même grande utilité à sécher un certain nombre de plantes.

Même si vous avez la chance d'avoir des PAM au jardin, les plantes séchées seront utiles à certaines périodes de l'année.
Tout près de vous et toutes prêtes à être utilisées. Et si vous deviez stocker toutes ces plantes en frais, il vous faudrait au moins 5 fois plus de place !

Avoir ses plantes sèches à disposition : un gain de temps

A moins que vos plantes fétiches soient au jardin, à quelques pas de vous, il est extrêmement pratique de ne pas avoir à partir en récolte ou en magasin à chaque fois que vous avez besoin d’une PAM.

La plante sèche vous permet de constituer un petit stock d’avance. Avec la pratique, vous connaîtrez votre consommation “de routine”, même si cela varie bien sûr toujours un peu d’une année à l’autre.

Certaines préparations nécessitent des plantes séchées

Nous parlons beaucoup d’infusion, car c’est la préparation la plus simple, mais il existe d’autres méthodes de préparation des PAM, comme l’extrait alcoolique de plantes, ou encore les baumes. Pour ces derniers, l’eau n’est pas la bienvenue car elle compromet la conservation du mélange. La plante séchée est donc requise.

Le séchage produit parfois certaines molécules utiles

C’est un peu plus anecdotique, mais le processus de séchage enclenche parfois la production de molécules qui  sont recherchées pour l’utilisation ultérieure, comme pour le cacao ou le tabac.

Conseils pour un séchage optimal “maison” de vos PAM

Les facteurs influençant le séchage

Le soleil dégrade-t-il les plantes mises à sécher ?

Les avis sont encore partagés sur le sujet, mais nous vous donnons le nôtre : l’exposition directe au soleil n’est pas recommandée pour le séchage de vos PAM.
Les radiations comme les UVs dégradent certains composants des plantes, que nous recherchons.
D’autre part, le soleil direct risque d’engendrer des montées excessives en température, qui là aussi conduisent à la dégradation de certaines molécules.
Donc… séchage à l’ombre !

La température de l’air : chaud mais pas trop

Il est important de comprendre qu’il existe une correlation entre la température de l’air et sa capacité à se charger en humidité.
En d’autres termes : plus l’air est chaud, plus il est capable de se charger en eau, et donc plus vite il peut emmener de l’eau à l’extérieur. Cela va nous intéresser pour le séchage, car celui-ci doit être le plus rapide possible, afin de préserver la qualité des plantes.
En même temps, comme vu plus haut avec la question du soleil, une température excessive va endommager vos plantes.

Les professionel·le·s – qui optimisent à fond – montent parfois jusqu’à la température “limite” de chaque plante (connue pour chaque PAM grâce à de nombreux essais) pour sécher le plus vite possible.

Pour vous, particulier·e·s, on va simplifier : essayez de placer vos plantes dans un endroit dont la température ne soit ni inférieure à 20°C (le séchage serait trop lent), ni supérieure à 40°C (risque de dégradation de certaines molécules).
En période principale de végétation (printemps-été), on peut trouver pas mal d’endroits qui conviennent. En période plus froide, vous devrez peut-être rapatrier vos PAM dans les espaces les mieux chauffés de votre habitation. Mais pour un temps limité.

L’humidité de l’air : attention à la nuit et à la pluie

Le taux d’humidité de l’air présent dans l’endroit où vos plantes vont sécher est déterminant. Il influe sur la vitesse voire sur la possibilité de séchage.
Plus le taux d’humidité est bas (à température égale), plus l’air peut se charger d’eau et plus vite peuvent sécher les plantes.
Il faut un appareil pour mesurer le taux d’humidité de l’air (comme sur les mini stations météo). Mais là aussi, un peu de bon sens : vous allez éviter de faire sécher les plantes dans une pièce humide, ou dans la salle de bain régulièrement saturée d’eau.
Vous allez choisir un endroit que vous savez être bien sec, ou que vous ressentez bien sec.

Le principal risque qui guette vos plantes est la reprise d’humidité : si la pluie arrive brusquement, l’air peut se charger rapidement en eau. Si vous séchez vos plantes dans un séchoir dehors, l’humidité de la nuit peut recharger vos plantes en eau, compromettant la fin du séchage qui est la plus difficile.

Pour le lieu de séchage, évitez la cuisine ou la salle de bain, pièces où de l'humidité est régulièrement générée
Le basilic est une des plantes ayant une très forte teneur en eau. Il est plus difficile de le sécher

L’humidité de la plante : très variable

Vos plantes à sécher vont avoir, selon l’espèce, la partie de plante considérée et les conditions de la récolte, entre 40 et 90% de teneur en eau. Pour la très grande majorité, on tournera entre 70 et 80% d’humidité.

L’objectif d’un bon séchage est d’amener le plus rapidement possible les plantes à un taux d’humidité à peine supérieur à 10%. Au début, la plante perd facilement son eau, puis plus elle sèche, moins l’eau qui reste part facilement.

La durée du séchage : comment estimer si c’est prêt

Comment savoir si vos plantes sont suffisamment séchées ?
Pour les feuilles ou les fleurs, c’est assez simple : elles doivent vraiment s’effriter au froissement.
Pour les racines ou les graines, c’est parfois moins évident.

Une donnée peut vous aider : la perte moyenne de poids entre plante fraîche et plante sèche est connue pour les différentes parties de la plante (attention, ce sont des moyennes) :

  • Feuilles/fleurs : environ 5x moins de poids une fois sèches.
  • Racines : 3,5x moins.
  • Écorces : 2,5x moins.
  • Graines : ces parties de la plante, si elles sont récoltées à maturité, ont un taux d’humidité déjà relativement faible.

En moyenne, dans des conditions correctes, la durée du séchage sera d’environ 1 semaine.

Exemple de feuilles bien séchées (ici de l’aubépine) : pas (ou peu) de perte de couleur, feuille recroquevillée, cassante (faire un test).

Petits tips pour optimiser et simplifier le séchage de vos plantes

Plus c’est fin, mieux ça sèche

Plus votre plante sera en petits morceaux, plus il y aura de surface d’évaporation et plus vite le séchage se fera.
Cependant, un des plaisirs de la cueillette maison est de pouvoir garder de belles feuilles entières si vous trouvez cela joli dans votre tisanière.

Il est en tout cas utile de séparer les feuilles des tiges lorsque cela ne prend pas trop de temps, et d’autant plus si la tige n’est pas souhaitée dans vos futures préparations.
Pour les racines, la question esthétique se pose moins, et une coupe pourra bien aider au séchage rapide.

Le bouquet à sécher, bien que très esthétique, est ainsi à notre avis une fausse bonne idée (sauf dans certains cas très précis) : les plantes risquent d’être trop serrées, de ne pas sécher de manière optimale. Si vous optez malgré tout pour cette option, faites de petits bouquets et ne les serrez pas trop.

N’entassez pas trop et remuez souvent

Moins la couche de plantes à sécher sera épaisse, plus le séchage sera facilité. Bien sûr, plus on étale et plus ça prend de la place. A vous de trouver le meilleur compromis selon votre contexte.
Quoi qu’il en soit, il est utile de remuer régulièrement les plantes, d’autant plus que la couche est épaisse, pour assurer une bonne homogénéité de séchage.

Dans la mesure du possible, évitez de faire une couche de plus de 3cm d’épaisseur.

Armoise officinale en cours de séchage : les feuilles séparées (en haut) sécheront plus vite que celles encore attachées aux tiges (en bas)

Adaptez le matériel de séchage à votre pratique

Suivant la quantité de plantes que vous ramassez vous-même, l’investissement en matériel sera différent.

Si vous souhaitez faire minimaliste, quelques cagettes de fruits/légumes en bois avec une petite toile au fond feront parfaitement l’affaire pour de petites quantités de plantes. Vous pourrez de plus les superposer facilement et la place occupée sera assez réduite.
Un déshydrateur électrique sera aussi très efficace, mais il faut pouvoir le régler à basse température (pas plus de 40°C).

Si vous commencez à sécher des quantités plus importantes de plantes, vous aurez sans doute besoin de fabriquer des clayettes de surface plus importante. Le principe est le même : l’air doit pouvoir bien circuler (= tissu à maille pas trop fine pour le fond).
Il vous faudra aussi peut-être compter sur un déshumidificateur pour permettre un séchage suffisamment rapide.

Nous ne rentrerons pas dans les détails et vous donnerons plutôt des liens vers des ressources beaucoup plus techniques. Sachez en tous cas, si vous avez de la place dehors, que les séchoirs solaires peuvent faire un super job pour le séchage des plantes, à condition d’user de certaines précautions (notamment pour éviter la reprise nocturne d’humidité).

Sachez que si le soleil direct dégrade les qualités des plantes, il est un puissant allié pour sécher : pour preuve, les nombreux séchoirs solaires qui se sont développés (voir références en fin d’article). C’est une énergie gratuite, renouvelable. Profitons-en !

Pour de petites récoltes de PAM, le système cagette en bois + petit tissu type moustiquaire prend peu de place et fonctionne très bien

Mon séchage de PAM est raté si…

– Si les plantes dégagent une odeur désagréable de moisi, ou une odeur très différente de leur odeur fraîche,
– Si elles ont pris une couleur brune ou très différente de la couleur d’origine
– Si elles ont perdu toute couleur

…il est probable que le séchage se soit mal passé.

Reprenez les facteurs de séchage un à un et essayez d’identifier à quel étape cela a pu déraper : lieu de séchage trop humide ? Couche trop épaisse ? Pas assez remué ?
Avec l’expérience, vous adapterez et peaufinerez votre pratique, et les accidents seront bien moins nombreux.

Conclusion : avec ces conseils, à peu de frais et avec peu de place, vous serez en mesure de sécher vos propres récoltes de PAM pour une utilisation familiale. Cela vous permettra de disposer de vos PAMs préférées tout au long de l’année. Vous n’aurez plus qu’à ouvrir votre bocal. Pas mal, non?

Ressources utiles sur le séchage